Homélie  du Cardinal Aveline

Homélie  du Cardinal Aveline

Homélie  du Cardinal Aveline au début de la session d’automne 2025 des Evêques de France

Ce matin à Lourdes, frères et sœurs, nous sommes rassemblés tout près de cette grotte où la Theotokos révéla à « l’ingénue et heureusement têtue Bernadette Soubirous », comme le Patriarche la décrivait tout à l’heure, la tendresse de Dieu pour les pauvres, son aversion pour le péché et sa miséricorde pour les pécheurs, la puissance de son Esprit et la nécessité de notre prière. En ce lieu béni, nous voudrions demander ensemble au Seigneur, avec vous, la grâce de la communion, afin que, dépassant les divisions héritées des maladies de l’histoire, nous puissions « être un » (Jn 17, 21), nous abreuvant à la vie divine qui est communion. Vous nous rappeliez tout à l’heure l’encouragement répété du Patriarche œcuménique Athénagoras : « L’union viendra, ce sera un miracle, un nouveau miracle dans l’histoire. Quand ? Nous devons nous y préparer. Car un miracle est comme Dieu : toujours imminent. »

Il me semble que la parabole de l’Évangile d’aujourd’hui nous met sur la voie : l’imminence de Dieu nous presse d’aller chercher les pauvres, les estropiés, les aveugles et les boiteux, plutôt que ceux qui, non contents d’être invités, s’empressent de trouver des excuses pour décliner l’invitation en faisant valoir leurs propres intérêts. C’est l’image de Lourdes, frères et sœurs, ce lieu où les personnes souffrantes et les plus petits nous montrent le chemin de l’espérance. C’est le sens profond de l’appel que les représentants des cultes en France viennent de lancer à l’occasion de la COP 30, conscients de la gravité de la situation écologique et de l’urgence d’actions concrètes en faveur du respect de la Création ou de la nature, et de l’écoute du cri des pauvres, car ils sont les premières victimes des effets du dérèglement climatique.

Parfois, dans les forêts d’automne, ce sont les tout petits buissons qui donnent les couleurs les plus éclatantes. « Regardez bien – écrivait saint Paul aux chrétiens de Corinthe : ce qu’il y a de fou dans le monde […], ce qu’il y a de faible […], ce qui est d’origine modeste, méprisé dans le monde, ce qui n’est pas, voilà ce que Dieu a choisi pour réduire à rien ce qui est ; ainsi, aucun être de chair ne pourra s’enorgueillir devant Dieu » (I Co 1, 26-29).  Lourdes en est la preuve et le signe ! Que votre deuxième visite en ce lieu, Sainteté, après celle effectuée il y a trente ans, en 1995, nous stimule pour demander ensemble au Seigneur, par l’intercession de la Vierge Marie, d’écouter la prière des plus petits et d’offrir au monde entier le don « imminent » de « la pleine communion de foi, de concorde fraternelle et de vie sacramentelle qui exista entre nos Églises au cours du premier millénaire. » Alors, déployant toutes les harmoniques colorées d’un échange de dons en provenance de l’éternel buisson ardent de la Révélation, la vive flamme de l’amour fraternel fera flamboyer le monde plus encore qu’un soleil d’automne dans les forêts des Pyrénées !

Amen !

+ Jean-Marc Aveline

Archevêque de Marseille

Président de la Conférence des évêques de France